J'aurais au moins essayé
Hier, vers 22 heures, je cesse mes nombreuses activités qui, je commence à le réaliser, me servent d'écran pour cacher la vérité nue de mon existence. À cacher, en d'autres termes, le fait que je mène une vie de merde. C'est une chose que de réaliser cela d'un coup en me levant de ma satanée chaise de bureau, s'en est une autre que de ressentir une profonde solitude, dans le genre seul dans le vide, et vide en soi. Cette solitude se transforme en angoisse puis aussi en grande tristesse que j'ai eu envie de noyer en m'arrosant le gosier d'alcool fort, car il agit un peu comme un décapant contre les sensations négatives. Je ne l'ai pas fait car de toute façon il était trop tard pour pouvoir me fournir en alcool, je n'habite pas Paris ou New-York. Dans une de ces deux villes je me serais peut-être laissé tenter, hors ce n'est pas le cas et finalement tant mieux...
C'est en mangeant, en mâchant, en avalant le petit plat gourmet que je m'était préparé (it's a joke) que je me sentais le plus mal et le plus seul. À quoi cela rime de se nourrir si c'est pour ne pas partager son plaisir avec une personne que l'on aime et qui est de bonne compagnie ? J'avais l'impression en découpant ma tranche de jambon "Marque repère" de me découper les tripes, et d'être un sinistre con qui moisi dans sa vieille piaule envahie d'araignées.Alors je fais, je fabrique, une multitude de choses qu'une poignée de gens apprécient. Certains le disent, d'autres ne le disent pas. Après tout c'est du virtuel, ce ne sont pas des objets que l'on peut toucher, alors à quoi bon faire l'effort pour quelques milliers de pixels ? Ce n'est RIEN ! Je fabrique du rien, ou du presque rien, un rien qui a une paradoxale réalité. Et j'en ai marre de la paradoxale réalité, je voudrais que quelqu'un me dise tout le bien qu'il pense de mon œuvre qui aurait pris la forme d'un beau tirage sur un papier de qualité, et qu'il me l'achète car tout effort mérite salaire comme on dit.
Connaître enfin la satisfaction d'avoir cédé une œuvre contre une contribution pécuniaire, peut-être cela m'aiderait-il à donner un sens à mon existence de solitaire, peut-être aurais-je une autre satisfaction que celle, heureusement bien réelle, de créer ? Alors j'ai entrepris les démarches pour avoir un statut d'artiste-auteur, il n'est pas impossible que je me noie dans la paperasse pour au final brasser du vent et ne vendre ni exposer nulle-part, Mais j'aurais au moins essayé.
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