Toute entière consacrée à ta malsaine discussion, je t’observais me tromper en toute impunité. L’objet de ta passion : un homme, pareil à cent mille autres, distant d’au moins 500 kilomètres. Tes doigts dansaient sur le clavier et tapaient des mots qui se diffusaient presque instantanément, et lui parvenant, faisait surgir des manifestations de joie et d’excitation. Cela durait des heures faisant se creuser en moi une douloureuse blessure , une fissure .

Je me croyais gentil et bienveillant, mais également fragile, hors le mal sait s’introduire dans les failles. La mienne est béante, ouverte comme un trou noir. Il n’aura eu qu’à se laisser aspirer en moi, s’installer dans chaque recoin de mon être, en prendre possession pour en mieux contrôler les gestes et les actions. Il a longtemps cherché la meilleure place pour pervertir mon âme. Ce n’était pas le trop évident cerveau, mais le cœur cet inépuisable muscle qui par son battement permanent préside à toutes les décisions, les bonnes ainsi que les mauvaises… Quel formidable réceptacle qu’un cœur sincère et sensible mais meurtri, perméable à toutes les infiltrations! Maintenant que le mal se l’est approprié, je ne peux plus verser une larme sans le faire saigner.


Tu as été ma première victime à sentir le contact brûlant d’un doigt chauffé à blanc. Ce n’est pas moi, c'est le mal qui agit et manipule tous mes gestes. Tu ne peux m’en vouloir, c’est à cette phalange de vagues sombres et de leur ressac laissant derrière elle les stigmates d’une douleur qui ne s’exprime pas avec des mots. C’est à un cœur possédé que tu dois jeter tes foudres, un cœur qui palpitait lorsque je t’apercevais. C’est à lui qu’il faut en vouloir, moi je ne suis plus que le réceptacle d’une force qui nous domine tous, pauvres hères que nous sommes.


Toi aussi tu commences à être gagnée par le fléau, par l’esprit de vengeance et la rancune. Ta vision s'obscurcit, tu donnes des coups de couteaux dans le vide en espérant le planter en plein dans mon cœur gonflé comme une tumeur. Je m’approche de toi, me saisit de ton mince poignet pour faire cesser tes mouvements de pantins dirigés par la noire substance, tu fumes de vengeance, mais en vain, car nos âmes sont à présent toutes deux consummées. Ne reste de nous que deux infâmes charognes, tous organes putréfiés, muscles, nerfs entremêlés, et nos sexes unis dans une improbable copulation et ultime union.



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